Moshé Feldenkrais

Moshé Feldenkrais (1904 – 1984) a traversé le XX siècle, comme scientifique, ingénieur, judoka. Il a développé une approche de l’organisme humain comme un système1 auto-régulé dans lequel l’esprit et le corps forment une unité inséparable. Dans ce contexte, chaque action est caractérisée par l’interrelation harmonieuse de la pensée, de la sensation, du sentiment, de l’émotion et du mouvement. C’est sur cette base qu’il a fondé sa méthode, qui n’a cessé de se développer depuis ses premiers cours dans les années 50.

1 Dans un “système” (le préfixe syn signifie ensemble), tous les éléments fonctionnent ensemble ou sont liés les uns aux autres.

“Je crois que l’unité de l’esprit et du corps est une réalité objective. Ils ne sont pas simplement des parties liées entre elles d’une manière ou d’une autre, mais un tout indissociable dans leur fonctionnement. Un cerveau sans corps ne pourrait pas penser…“
Moshe Feldenkrais, article “Mind and body“, 1964
(Embodied Wisdom, Somatic resources 2010)

Une vie en mouvement

Originaire de l’actuel territoire de l’Ukraine, il a émigré seul à l’âge de 14 ans en Palestine, en 1919. Il a travaillé comme manœuvre, puis obtient son baccalauréat : il est alors engagé par les Anglais comme géomètre quelques années avant de décider de venir en France pour y faire des études. A l’école de mines à Paris, il a étudié la physique, les mathématiques, le génie mécanique et le génie électrique, et a obtenu son doctorat en sciences. C’est à cette époque qu’il découvre le judo, devenant la première ceinture noire européenne et fondant le premier club de judo à Paris. En 1940, Moshé Feldenkrais est obligé de fuir Paris pour l’Angleterre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille pour l’amirauté britannique et s’installe en Israël en 1951, travaillant pour quelques années alors à la direction du département électronique des forces de défense israéliennes. À partir de 1953, il se consacre entièrement à l’enseignement de sa méthode, côtoyant en chemin les plus grands esprits du XX siècle et ses grandes figures artistiques.

Il a passé ainsi les trente derniers ans de sa vie à développer et enseigner de par le monde (Europe, États-Unis et Israël) cette méthode d’auto-éducation aidant des milliers de personnes à relever différents défis.

Il meurt le 1er juillet 1984.

“Le mouvement, c’est la vie. La vie sans mouvement est impensable.”
Moshé Feldenkrais, mention manuscrite dans le livret “Apprendre à apprendre”, 1980

La méthode et la neuroplasticité

Il a consigné son travail, sa compréhension et ses espoirs pour l’humanité dans de nombreux livres et enregistrements.

Cette méthode vient donc du nom de son créateur, Moshé Feldenkrais. C’est en tant que scientifique, docteur en physique (mécanique), mais aussi à partir de sa pratique experte des arts martiaux et de son intérêt pour les neurosciences, qu’il a développé un système d’apprentissage par le mouvement fondé sur la capacité du système nerveux à renouveler ses schémas d’action et ainsi apprendre tout au long de la vie. Moshé Feldenkrais a eu très tôt l’intuition (qui a été démontrée depuis) qu’une attitude bienveillante, attentive, précise et active envers nos aptitudes de mobilité (quelles qu’elles soient), redonne accès à des possibilités latentes. Il est considéré comme un des pionnières de ce qui se nomme aujourd’hui neuroplasticité, cette capacité du cerveau à adapter sa propre structure et organisation aux changements de nature biologiques (lésions) comme aux exigences de l’apprentissage.

Dans son livre La puissance du moi, il apporte le témoignage de cette volonté fondé sur la maturité et la liberté de pensée pour agir de manière responsable.

Moshé Feldenkrais a toujours été très soucieux de transmettre ses connaissances et idées, à travers des centaines de leçons, décomposant et permettant d’expérimenter concrètement les innombrables potentialités du corps humain. À partir des années 60, au fur et à mesure de ses découvertes, il a sensibilisé des générations de praticiens à sa méthode, initiant un réseau présent aujourd’hui sur les cinq continents et structuré internationalement.
Sa méthode réalise une très riche convergence entre les dernières découvertes de la science moderne et des pratiques corporelles issues de nombreuses traditions, dont la culture orientale.

Biographies

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la vie passionnante de Moshe Feldenkrais, nous recommandons la biographie “L’art de la chute” de Philippe Beyvin, parue en 2024.

En outre, il existe d’autres biographies comme “Moshe Feldenkrais – Der Mensch hinter der Methode” de Christian Buckhard, parue en 2015 (allemand). Et il existe en anglais la première partie de la biographie “A Life in Movement”, également parue en 2015, écrite par Mark Reese, un élève de longue date et proche de Moshé Feldenkrais, très instructive.